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Submitted by richard.ngoga on Wed, 02/16/2022 - 15:26
Après un simulacre de procès digne des pires années de l’ère stalinienne, deux des trois inculpées du groupe d’activistes Pussy Riot ont finalement été condamnées à 2 ans de camp de travail pour une prière punk anti-Poutine dans la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou. La troisième, libre après le procès en appel qui s’est tenu le 10 octobre 2012 (elle n’a pas participé à la prière à l’intérieur de l’église s’étant faite arrêter juste avant), a déposé une plainte devant la Cour européenne des droits de l’homme contre la Russie pour violation de ses droits durant sa détention préventive. Accusées de hooliganisme et d’incitation à la haine, les finalistes du prix Sakharov pour la liberté de pensée 2012 –finalement attribué à deux opposants iraniens– ont durant leur procès comparé leur situation à celles de Socrate, Dostoïevski et Jésus, oui, le Christ. Vous me direz que nul n’est prophète en son pays… Pourtant, les experts entendus par le tribunal estiment que les valeurs des accusées sont : la justice, l’humanité, le respect mutuel, la liberté et l’égalité. Mais au pays des goulags devenus camps de travail, la justice impartiale semble être restée une douce utopie. D’abord interdites de communication avec leurs avocats pendant le procès, le président a ensuite personnellement comparé les trois jeunes filles au réalisateur de « l’innocence des musulmans » et qualifié de « correcte » leur arrestation ainsi que leur condamnation, et ce juste avant le procès en appel ! Poutine n’aurait-il pas supporté qu’on le critique personnellement alors qu’il était en pleine campagne sur son image à la télévision?  On ne touche pas au patron dans une république où le culte de la personnalité s’est certes modernisé (émissions télévisées, exploits sportifs…), mais est toujours plus que présent. Son prédécesseur (Medvedev) a quant à lui déclaré que bien que les co-accusées lui donnaient « la nausée », il était « inutile et sévère » de les maintenir en prison. Malgré leur « Sainte Marie mère de Dieu, chassez Poutine » repris en chœur, les Pussy Riot se défendent d’avoir voulu attaquer Poutine en tant que personne mais bien en tant que « système de verticalisation du pouvoir où toute la gestion est faite manuellement sans tenir compte de l’opinion publique. » Elles ont présenté leurs excuses aux croyants qu’elles auraient pu choquer, tout en soulignant que ceux-ci sont pluriels et que certains les soutiennent, mais elles ne se sont pas repenties car cela aurait été un acte d’aveu. Elles critiquent aussi l’inactivité et le désintéressement de la population qui ne se sent pas propriétaire de son pays, profitant au passage pour tacler la psychologie de la soumission qui se propage dans le pays en lieu et place de la résignation. Elles clament qu’on refuse de les entendre et donc de les comprendre. Pour les victimes (lapsus des avocats de la partie adverse), tout le monde devrait aspirer à être philosophe. Aspirer à La recherche de la sagesse, du savoir, de la connaissance ainsi que de la compréhension et surtout de la vérité qui a un avantage naturel et triomphera toujours sur le mensonge, peu importe les diplômes de chacun. En dépit d’un soutien international (moral en tout cas), les chances de voir le gouvernement russe libérer les prisonnières sont minces. Croyantes, ces dernières remettent leur sort entre les mains de Dieu. « Sainte Marie mère de Dieu, deviens féministe », disaient-elles dans leur chanson punk. En attendant que ceux qui ont une influence sur Poutine décident d’agir, prier reste leur seule solution salvatrice. Peut-être que la Sainte Vierge intercédera en leur faveur.   Yves Nshimirimana

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