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Submitted by richard.ngoga on Wed, 02/16/2022 - 15:26
Le journaliste grec Kostas Vaxevanis, inculpé pour avoir dévoilé la « liste Lagarde » contenant les noms de riches Grecs ayant des comptes en Suisse, a finalement été acquitté. Un mandat d’arrêt avait été lancé contre lui le 28 octobre dernier pour violation de la loi sur la publication de données privées. Cette liste, dérobée par un ancien employé de la banque HSBC (qui est aujourd’hui poursuivi pour vol par son employeur) avait été transmise en octobre 2010 par Christine Lagarde, alors ministre française de l’Economie, à son homologue grec Georges Papaconstantinou. La liste avait été depuis lors « égarée » par ce dernier. Elle contenait les noms de 2059 Grecs (des employés du ministère des Finances, d’anciens hommes politiques ou leurs proches, des sociétés domiciliées, des avocats, des médecins, des porte-parole du gouvernement) possédant un compte en Suisse. Peut-être n’étaient-ils pas tous des fraudeurs mais lorsque l’on connait le sport national grec, cela laisse perplexe. Peu après sa mise en accusation, le journaliste s’était défendu en arguant : « Au lieu de lutter contre les crimes des fraudeurs du fisc, la justice s'occupe de moi alors que je n'ai fait que mon devoir, mon devoir de transparence ». Lors du procès qui a duré près de douze heures, le procureur s’en était pris à l’accusé, déclarant dans son réquisitoire : « Vous avez ridiculisé publiquement une série de personnes, vous avez livré ces gens à une société assoiffée de sang. La solution aux problèmes que traverse le pays n'est pas le cannibalisme. » Quand on lui impute de dévoiler des données personnelles (d’origine frauduleuse qui plus est…), Kostas Vaxevanis, soutenu par des organisations internationales comme Amnesty International et Reporters sans frontières, invoque le droit des journalistes d'investigation à publier des documents cachés ou minimisés par les autorités pour dénoncer des affaires de malversations et autres. Il accuse l'Etat grec d'hypocrisie et affirme que le système judiciaire est soumis à un système politique corrompu. Le journaliste n’a pas tort, alors que les mesures d’austérité se multiplient à l’encontre des plus démunis, épargnant les riches et les puissants aux yeux de la rue, comment une telle liste a-t-elle pu tout simplement disparaître ? La présence de noms du gouvernement nous donne un indice : ceux-ci ont été juges et ont tout simplement évité de se juger, montrant en façade le souci de lutter contre les fraudeurs fiscaux et matraquant l’austérité qui leur est imposée par la Troïka. Aujourd’hui, après avoir d’abord refusé d’utiliser cette liste à cause de son origine douteuse, le gouvernement a fini par s’y résigner sous la pression populaire. Le ministre grec des Finances indiquait être « dans l’attente » de la « liste Lagarde » fin octobre. Pourquoi n’utilise-t-il pas celle pour laquelle Kostas Vaxevanis est inculpé ? En plus de la crise économique, une autre crise s’annonce en Grèce : une crise de confiance. Lorsque celui qui dit la vérité est vu par les uns comme un héros et par les autres comme un hors-la-loi c’est un des fondements de la société qui est biaisé. Comment les administrés peuvent-ils continuer à obéir à ceux qui les gouvernent quand ceux-ci sont au mieux incompétents, au pire corrompus ? C’est un cercle vicieux qui s’amorce et pas grand chose de bon qui s’annonce. Yves Nshimirimana

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